Il y avait un moment que je devais faire un article sur Katherine Johnson dont l’histoire a été racontée dans le film sorti en 2017 Les figures de l’ombre. Cette incroyable femme scientifique nous a quittés lundi 24 février 2020 à 101 ans. Voici donc une petite biographie de Katherine Johnson.
Une mathématicienne précoce
Née en 1918 en Virginie-Occidentale d’un père bûcheron et d’une mère enseignante, Katherine présente très tôt un talent pour les mathématiques. A 14 ans, elle est diplômée de l’école secondaire puis elle intègre une université traditionnellement noire : l’Université d’État de Virginie-Occidentale. Son mentor est alors son professeur de mathématiques W. W. Schieffelin, le troisième Afro-Américain à obtenir un doctorat en mathématiques. En 1937, alors âgée d’à peine 18 ans elle obtient son diplôme en français et en mathématiques. Elle s’installe ensuite en Virginie pour enseigner le français, les mathématiques et la musique dans une école publique noire.
Une des premières étudiantes noires
Sélectionnée pour être la seule femme des trois premiers étudiants noirs à intégrer l’Université de Virginie-Occidentale, elle quitte son poste d’enseignante et entame le programme d’études supérieures en mathématiques. Mais à la fin de la première session, elle l’abandonne pour fonder une famille avec celui qu’elle a épousé en 1939 : James Gooble. Une fois que ses trois filles Constance, Joylette et Katherine ont grandi, Katherine se tourne à nouveau vers l’enseignement.
Katherine Johnson à la NASA
À cette époque, le nom de la future NASA est la NACA (Natinal Advisory Commitee for Aeronautics – Comité Consultatif National de l’Aéronautique). La NACA cherche à recruter des mathématiciens pour le Langley Memorial Aeronautical Laboratory aujourd’hui connu sous le nom de Centre de Recherche Langley. Katherine répond à une annonce et est embauchée en 1953. Elle commence alors à travailler en tant que calculatrice ou comme elle le disait « ordinateur en jupe ». À cause des lois ségrégationnistes de l’époque, Katherine et ses collègues doivent travailler à l’écart dans un bâtiment qui leur est réservé. Après seulement deux semaines de travail sous la supervision de Dorothy Vaughan, elle est assignée à un poste temporaire à la division de guidage et de contrôle de la division de recherche en vol de Langley. Son poste deviendra finalement permanent.
1957 est l’année de lancement du satellite soviétique Spoutnik. Cette même année la NACA devient la NASA.
En 1960, Katherine et l’ingénieur Ted Skopinski sont coauteurs de Détermination de l’angle d’azimut au burnout pour placer un satellite sur une position terrestre sélectionnée. Ce rapport présente les équations décrivant un vol spatial orbital dans lequel la position d’atterrissage du vaisseau spatial est spécifiée. C’est la toute première fois qu’une femme de la Division de la recherche en vol reçoit un crédit en tant qu’auteur d’un rapport de recherche.
Katherine Johnson joue un rôle clé dans la mission Freedom 7 en mai 1961. C’est elle qui effectue l’analyse de trajectoire de ce premier vol spatial a envoyer un Américain dans l’espace (Alan Shepard).
Mission orbitale Friendship 7 de John Glenn
En 1962, alors que la NASA se prépare pour la mission orbitale Friendship 7 de John Glenn, la jeune femme est appelée à faire le travail pour lequel elle deviendra la plus connue. La complexité du vol orbital avait nécessité la construction d’un réseau de communication mondial, reliant les stations de suivi du monde entier aux ordinateurs IBM à Washington, Cap Canaveral en Floride et aux Bermudes. Les ordinateurs avaient été programmés avec les équations orbitales qui contrôleraient la trajectoire de la capsule du décollage à l’amerrissage. Cependant, les astronautes se méfient de mettre leur vie sous la garde des machines à calculer électroniques, qui sont régulièrement sujettes aux pannes.
Glenn demande alors aux ingénieurs de « faire en sorte que la fille » (Katherine Johnson) exécute les mêmes calculs à travers les mêmes équations qui avaient été programmées dans l’ordinateur, mais à la main, sur sa machine à calculer mécanique de bureau. « Si elle dit qu’ils vont bien alors je suis prêt à partir » affirme Glenn. Katherine confirme les calculs des ordinateurs et Glenn peut partir. Le vol est un succès ! John Glenn devient le premier américain à accomplir un vol orbital autour de la Terre. Cette réussite marque un tournant dans la compétition entre les États-Unis et l’Union soviétique dans l’espace.
Contribution à l’exploration spatiale
Lorsqu’on lui a demandé de nommer sa plus grande contribution à l’exploration spatiale, Johnson a parlé des calculs qui ont aidé à synchroniser le module lunaire du projet Apollo avec le module de commande et de service en orbite lunaire. Elle a également travaillé sur la navette spatiale et le satellite Earth Resources (rebaptisé plus tard Landsat) et a rédigé ou co-rédigé 26 rapports de recherche. Elle a pris sa retraite en 1986, après 33 ans à Langley. « J’ai adoré aller travailler tous les jours », a-t-elle déclaré. En 2015, à 97 ans, Johnson a ajouté une autre réalisation extraordinaire à sa longue liste: le président Barack Obama lui a décerné la Médaille présidentielle de la liberté, la plus haute distinction civile américaine.
Katherine Johnson et le colonel James A. Johnson
Malheureusement, son premier mari décède d’un cancer du cerveau en 1956. Katherine Johnson s’est remariée en 1959 avec James A. Johnson, qui a été sous-lieutenant dans l’armée et ancien combattant de la guerre de Corée. Katherine aura eu six petits-enfants et onze arrière-petits-enfants.
Pour aller plus loin
Film les figures de l’ombre
Livre les Figures de l’ombre
Voici le livre qui a inspiré le film.
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